w
pubblicazioni  

L’importance de l’herméneutique postmoderne pour la théologie
du Carmelo Dotolo

1 Herméneutique et/ou métaphysique ?

L’herméneutique constitue aujourd’hui sans aucun doute un langage commun à plusieurs savoirs, une manière particulière de voir la réalité et de lire le monde. Ceci malgré la prédominance d’une lecture déconstructive de l’herméneutique, qui considère celle-ci comme une alternative à la dimension métaphysique. Le gain le plus évident est l’assomption de la circularité entre compréhension (Verstehen) et interprétation (Auslegung) en tant que structure de l’exister et, par conséquent, en tant que dimension existentielle intrinsèque à sa relation à la totalité significative de l’être au monde. Si dans l’herméneutique se dévoile la conscience de la limite cognitive qui rebondit de l’objet au niveau du sujet qui connaît, cela est dû au fait que la recherche de la vérité est appelée à faire un saut de qualité. Dans ce sens, on en déduit que l’objectif même de la métaphysique est herméneutique, dans la mesure où celle-ci donne forme à la possibilité interprétative du réel par rapport à la vérité en tant que manifestation-appel. La motivation en est simple : la connaissance fait l’expérience d’une tension entre la familiarité apparente avec les choses et l’extranéité avec les significations qui s’y trouvent. L’interaction interprétation-compréhension montre comment la vérité de l’être est inépuisable par rapport à la finitude de l’interprète et de l’objet interprété, en tant que signe d’une ultériorité qui, en transcendant le plan de l’expérience historique, l’intentionne. Il paraît donc plausible d’affirmer la nécessité de ne pas radicaliser la confrontation et/ou l’alternative entre herméneutique et métaphysique, mais d’en deviner la co-appartenance. En fait, l’interprétation n’est pas pensable sans découvrir dans la problématicité de l’expérience humaine l’au-delà et l’ultérieur capables d’ouvrir à l’événement de l’altérité et de l’infini. En d’autres mots, il n’est pas possible de renoncer à la garde ontologique sans laquelle le chemin de la finitude humaine risque l’absolutisation sans issus et l’aphasie nihiliste.

2 L’inépuisabilité de l’interprétation

Rouvrir la rencontre entre herméneutique et métaphysique signifie provoquer un savoir capable d’écoute. Une telle écoute de la parole qui renvoie à la transcendance montre l’espace de la différence comme aventure cognitive qui découvre la vérité en tant que non manipulable et non disponible, et qui ne réduit pas l’être au seul paraître. La rencontre jamais conclue avec la vérité amène l’homme aux frontières d’un savoir attentif aux signes que la vérité envoie, révèle, elle le rend conscient du fait que la même tension liée à ce qui se révèle interprète la coïncidence entre relation avec soi et relation à autrui, au sein du rapport entre une instance de liberté et la transcendance de la vérité. Toutefois, en raison d’un tel caractère révélateur, l’interprétation fait l’expérience d’une distance féconde avec la révélation de cette différence qui rend la vérité un événement surprenant, disloquant, créatif au regard de l’existence pensante. L’événement pareysonien témoigne, finalement, que la relation entre ontologie et herméneutique exprime une fondation différente de la pensée philosophique et théologique.
La première raison est qu’elle récupère dans la philosophie transcendantale de la modernité la signification d’une herméneutique capable d’expliciter cette extase de la raison, sans laquelle la prétention de la rationalité de comprendre le réel risque de s’arrêter au seul reflet des choses.
La deuxième raison est qu’à la base de l’inépuisabilité de l’interprétation n’agit pas une neutralité de l’être, mais l’événement du christianisme. Celui-ci inscrit dans l’histoire le signe d’une révélation inédite, par rapport à laquelle se révèle la dérive d’une pensée herméneutique apathique au regard de la vérité. Il s’agit de cueillir cette exception qui expose au dialogue avec l’autre, avec le tu de l’être, qui appelle à une différence qui, étant irréductible à la prise dialectique de la connaissance, renvoie à la différence comme arrière-fond de l’interprétation. C’est peut-être l’intuition la plus féconde que l’herméneutique ontologique suggère, en montrant dans la corrélation entre vocation métaphysique de la philosophie et savoir herméneutique de celle-ci l’horizon d’une dimension sapientiale et étique de la connaissance.

 

Download Text in Pdf